Je poursuis ici la série d’articles consacrés aux rudiments avec les motifs n°4 et 5 de la Percussive Arts Society qui permettent de travailler les rebonds multiples (c’est-à-dire plus de 2 rebonds).
Il s’agit du Multiple Bounce Roll et du Triple Stroke Roll.
Ces deux roulements font partie des quatorze rudiments ajoutés en 1984 par la P.A.S. pour former le classement des 40 rudiments internationaux de batterie (voir FR[ed]C et les 40 rudiments).
Mais, tout d’abord, je trouve étrange que ces rudiments soient placés avant le roulé dans le classement de la P.A.S. Ne faut-il pas maîtriser le coup double avant de s’attaquer aux rebonds multiples ? Je n’ai pas trouvé la réponse alors, si vous avez une explication…
Au travers de cet article, il s’agit toujours de vous présenter ces rudiments et de vous proposer des applications jouées sur l’ensemble du kit.
Le roulement écrasé…
Le roulement écrasé est également appelé « roulement fermé », « Multiple Bounce Roll », « Buzz Roll » ou encore « Press Roll » et « Close Roll ».
Comme son nom l’indique, il est constitué de frappes écrasées et jouées alternativement avec chacune des mains. On parle de coups écrasés car on presse la baguette contre la peau de la caisse claire pour obtenir un nombre indéfini de rebonds très serrés.
Ce roulement utilise donc au maximum la possibilité de faire rebondir la baguette le plus longtemps possible sur la peau.
On obtient ainsi une sensation de « buzz ». C’est-à-dire un son continu et régulier que l’on peut percevoir à des vitesses plus lentes qu’avec un roulement classique.
Comment repérer des roulements écrasés dans une partition ? La hampe des notes concernées est barrée par une double ligne en diagonale. On trouve aussi un symbole ressemblant à un z.
Faire le buzz…
Cette technique serait née avec les premiers batteurs de jazz. Et, elle était devenue l’une des spécialités du jeu d’Art BLAKEY.
Il est nécessaire de combiner deux mouvements pour utiliser le roulement écrasé avec précision.
Le premier mouvement est produit par les poignets qui donnent l’impulsion et la vitesse nécessaires aux baguettes. Cela passe donc nécessairement par une bonne maîtrise du frisé (voir Frisé et compagnie).
Le second mouvement vous permettra alors d’obtenir des rebonds multiples. Il s’agit d’opérer une pression au niveau du point d’appui sur la baguette pour l’écraser (légèrement !) sur la peau de la caisse claire.
Pour obtenir un joli « buzz », il faut prêter une grande attention à la position de la pince « pouce / index » sur la baguette. En effet, il faut trouver le point d’équilibre qui permet de générer naturellement le plus grand nombre de rebonds. De plus, les baguettes doivent être tenues le plus horizontalement possible (c’est à dite parallèlement à la peau de la caisse claire).
Ce que je trouve particulièrement difficile à maîtriser dans ce rudiment c’est le fait d’être le plus détendu possible pour avoir un mouvement souple tout en exerçant une forme de pression sur les baguettes. Par ailleurs, j’ai l’impression que les poignets doivent être plus rigides que lors de l’exécution d’un roulement classique et que l’articulation du mouvement se fait davantage au niveau du coude.
Un groove et un fill avec le roulement écrasé…
Il est assez difficile de produire un groove de batterie entièrement basé sur le roulement écrasé. En effet, cette technique renvoie davantage au jeu de caisse claire rencontrée dans les fanfares.
Néanmoins, cette technique peut très bien être intégrée pour créer une nuance ou un effet au cours d’un morceau. C’est ce que je vous propose dans l’exemple suivant. La difficulté réside ici dans le fait de poser calmement un roulement écrasé au début du fill après avoir joué un groove.
Le roulement à triple coup…
Il s’agit là d’une traduction tout à fait personnelle car vous trouverez avant tout le roulement à triple coup sous le terme « Triple Stroke Roll » ou quelquefois « French Roll ».
Pour ce motif, chaque main joue trois coups consécutifs.
A première vue, ce rudiment peut paraître simple. En réalité, nous pratiquons assez rarement cette répétition de trois coups par main et, c’est un véritable exercice d’endurance.
A des vitesses lentes, chaque coup est porté avec un mouvement des poignets.
Pour des tempi plus rapides, il faut frapper le premier coup tandis que les deuxième et troisième notes sont jouées en profitant du rebond de la baguette sur la peau.
La principale difficulté de cette technique est alors de maîtriser le nombre de coups portés grâce au rebond.
La seconde difficulté est d’obtenir un roulement régulier avec une sonorité égale pour les deux mains (à l’image du frisé classique).
Pour ma part, j’ai tendance à jouer le triple coup avec la prise américaine à vitesse lente. En revanche, je m’oriente vers la prise française lorsque j’accélère le tempo.
Un rudiment peu employé…
Je n’ai pas vraiment trouvé d’exemples où le triple stroke roll est employé. Il est vrai que ce triple coup peut aisément être remplacé par un frisé ou par un doigté de type DDG.
Néanmoins, le triple stroke roll peut s’avérer intéressant pour créer des breaks. Un exemple avec un fill sur deux mesures où les triolets sont joués tantôt sur les toms et tantôt sur la caisse claire.
Et, il peut aussi permettre de créer des rythmes un peu atypiques en triolets. Dans l’exemple suivant, les triples coups sont accompagnés de la grosse caisse sur tous les temps et du charley joué au pied sur les contre-temps.
La maîtrise des rebonds…
Voilà donc deux rudiments qui sont assez peu présents dans la musique que j’écoute habituellement.
De ce fait, j’étais un peu sceptique quant à leur utilité.
Cependant, leur pratique ajoute de nouveaux atouts à mon jeu.
Bien entendu, ils permettent avant tout d’approfondir la maîtrise des rebonds et la réaction des peaux selon les coups portés.
Ensuite, cette maîtrise doit indéniablement permettre de gagner à la fois en vitesse et en finesse d’exécution.
A suivre …
Connaissiez-vous ces rudiments ? Les pratiquez-vous et les utilisez-vous dans votre jeu ?
J’attends vos commentaires.
Pour compléter la vidéo, vous pouvez télécharger gratuitement les partitions des différents exercices présentés en visitant la galerie de Rim Shot & Ghost Note.
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Bonsoir,
j’ai une petite question sur une étude de caisse claire. Sur la partition il y des notes qui sont liées entre elles avec des barres inclinées sur la note parfois 1,2,ou 3. Je ne comprend pas ce que veulent dire ces barre et comment jouer la liaison.
Merci à vous et joyeux noêl.
Bonjour Valéry,
Tout d’abord, désolé pour cette réponse tardive, mais avec les fêtes, c’est un peu compliqué.
Je ne suis pas un expert en solfège mais je vais essayer de répondre à ta question sur la notation sur les partitions.
D’après ce que tu décris, je pense qu’il s’agit de la notation des roulements (1, 2 ou 3 barres inclinées en diagonale sur la hampe des notes).
Une note barrée correspond à 2 coups joués avec la même main (roulé). Et la durée de ces 2 notes cumulées est égale à la durée de la note qui est barrée.
Ainsi, une noire barrée est égale à 2 croches jouées avec la même main. Une croche barrée = 2 doubles croches, une double croche barrée = 2 triples croches, etc …..
Pour les notes barrées plusieurs fois, je te donne 2 exemples avec des rudiments.
Le « five stroke roll » ou « roulé de 5 coups » est noté ainsi sur 2 temps (R = droite et L = gauche): R (croche barrée 2 fois surmontée du chiffre 5) + R (croche) – L (croche barrée 2 fois surmontée du chiffre 5) + L (croche).
Et il se joue de cette manière : (R R L L) R – (L L R R) L. Et il faut jouer 5 coups par temps.
Autrement dit, la croche barrée 2 fois peut être remplacée par 4 coups ayant la même durée cumulée, c’est à dire par 4 triples croches jouées en roulé.
Autre exemple avec le « nine stroke roll » ou « roulé de 9 coups » qui est noté ainsi (sur 4 temps) : R (noire barrée 3 fois surmontée du chiffre 9) + R (noire) – L (noire barrée 3 fois surmontée du chiffre 9) + L (noire).
Et il se joue de cette manière : (R R L L R R L L) R – (L L R R L L R R) L. Et il faut jouer 9 coups par temps.
Autrement dit, la noire barrée 3 fois peut être remplacée par 8 coups ayant la même durée cumulée, c’est à dire par 8 triples croches jouées en roulé.
Bref, pour résumer :
– 1 « / » = 2 rebonds avec la même main soit R R ou L L.
– 2 « / » = 2 x 2 rebonds avec la même main soit R R L L ou L L R R.
– 3 « / » = 3 ou plus x 2 rebonds avec la même main soit R R L L R R ou L L R R L L.
– il faut tenir compte du nombre de coups à jouer et de la valeur de la note barrée pour obtenir la valeur des divisions.
Tu peux aussi trouver un symbole ressemblant à un « z » qui indique le roulement écrasé. Dans ce cas, le nombre de rebonds est indéterminé pour la durée de la note indiquée.
J’espère que je suis assez clair et que cela répond à ta question.
A mon tour, je te souhaite de bonnes fêtes de fin d’année.
Bien cordialement.
FR[ed]C