Les rudiments de la batterie

En début d’année, la tradition veut que l’on prenne de bonnes résolutions.
Alors, il y a ceux qui arrêtent de fumer, ceux qui s’inscrivent dans une salle de gym …
Pour ma part, j’ai décidé de reprendre les rudiments de la batterie. Il y en a certains que je sais effectuer, d’autres dont je connais uniquement le nom. Mais, pour être complètement honnête, il y en a un certain nombre dont j’ai découvert l’existence en préparant cet article.

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Tambour et baguettes – Par BERNARDOT Claude-Henry [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons.

Alors, pour que cette bonne résolution ne soit pas oubliée quant arrivera la fin du mois de Janvier, je commence ici une série d’articles qui sera consacrée à ces exercices élémentaires qui forment souvent la base de l’apprentissage de la batterie.

Un héritage de l’histoire…

Un petit cours d’histoire pour commencer.

Les rudiments tels qu’on les connaît aujourd’hui proviennent d’une longue histoire liée à la pratique militaire du tambour. Ainsi, chaque armée (voire même chaque régiment) a peu à peu mis au point des techniques qui servaient de base aux compositions de tambour militaire. Ces compositions servaient alors à distinguer les nationalités et les régiments sur les champs de bataille. Elles étaient également utilisées pour donner des ordres (les marches, les retraites, etc …), pour accompagner des cérémonies (prise d’arme, enterrement, etc…) ou encore, pour rythmer la vie des soldats (le lever, les assemblées, etc …).

Ces techniques ont très longtemps fait l’objet d’une transmission orale. Elles comprennent avant tout des onomatopées qui permettent de chanter les phrases musicales et de les enseigner aux soldats de l’infanterie souvent analphabètes.

Si l’origine des rudiments est difficile à dater, on sait cependant que l’armée de Gengis Kahn utilisait déjà les tambours au 13ème siècle, tout comme les troupes ottomanes au 15ème siècle.

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Sapeurs du Génie de la Garde impériale

En Europe, on pense que les suisses sont certainement les précurseurs du tambour militaire. Quant à l’armée française, elle a vraisemblablement commencé à utiliser les tambours après la victoire de François 1er sur les troupes suisses à Marignan en 1515. Mais, c’est au cours du Premier Empire que la pratique du tambour s’est véritablement développée.

De la transmission orale aux premières méthodes…

Les techniques de tambour se sont avant tout transmises de manière orale au sein des armées. Quelques rares partitions ont été écrites à l’intention des instructeurs de la musique militaire.

Au cours de l’histoire, il y a eu ensuite de nombreuses tentatives pour mettre en forme une liste standardisée de rudiments.

Elaboré en premier lieu par l’armée suisse, ces exercices sont ensuite employés en France puis en Angleterre.

En 1589, paraît « L’Orchesographie et traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre & practiquer l’honneste exercice des dances ». Il s’agit avant tout d’un traité de danse publié par Thoinot ARBEAU. Mais, c’est également la première méthode de tambour publiée au monde.

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Tambour français représenté dans l’Orchésographie de Thoinot Arbeau

Les rudiments sont ensuite introduits aux Etats Unis à l’occasion de la révolution américaine.

Vers une standardisation des rudiments…

Ainsi, à la fin du 19ème siècle, plusieurs publications jettent les bases d’une standardisation des rudiments.

C’est en 1812 que Charles Stewart ASHWORTH publie “A Useful and Complete System of Drum Beating” dans lequel il décrit en détail 27 rudiments de base.

Puis, dans « The Art of Beating The Drum » paru en 1815, Samuel POTTER en présente 21.

Il faut ensuite attendre cinquante ans pour que George B. BRUCE, instructeur principal des tambours de l’US Navy et Daniel D. EMMETT, compositeur et fifre principal dans l’infanterie de l’US Army, publient « The Drummers’ and Fifer’s Guide » en 1862. Dans cet ouvrage figurent alors 33 rudiments.

Dans « Instructor Drum & Fife » paru en 1870, Gardiner A. STRUBE, tambour major dans l’infanterie américaine, reprend également l’ensemble des exercices élémentaires (26) qu’il a compilé au cours de son service militaire.

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Après la parution de ces différents ouvrages, régnait donc une certaine confusion car ils présentaient des différences sur le nombre et le type des rudiments présentés.

En 1886, paraît alors un nouvel ouvrage qui deviendra le guide de tous les batteurs de cette époque. Il s’agit de « Trumpet and Drum » de John Philipp SOUZA, compositeur de marches militaires. Avec ce livre, il met ainsi en avant les 26 rudiments de l’armée américaine et leur importance pour le rythme et l’uniformité de la musique martiale.

The National Association of Rudimental Drummers…

Puis, The National Association of Rudimental Drummers (N.A.R.D.) est créée à Chicago en 1933 par un groupe de 13 batteurs. Ils retiennent alors une première liste de 13 rudiments essentiels (parmi les 26 de l’armée américaine) et requis pour l’adhésion des batteurs à cette organisation. Leur but premier est effectivement de standardiser un système de jeu sur lequel tous les batteurs pourraient être jugés. Cette première liste sera ensuite complétée par une seconde liste de 13 rudiments auxiliaires.

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The National Association of Rudimental Drummers (N.A.R.D.) créée en 1933

Les 40 rudiments du P.A.S.

En 1984, la Percussive Arts Society (P.A.S.) a repris ces 26 rudiments auxquels elle a ajouté une autre série de 14 (provenant des rudiments européens) pour former ainsi les 40 rudiments internationaux de batterie.

Dans un premier temps, je me contente ici de lister les 40 rudiments retenus par la Percussive Arts Society.

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The Percussive Arts Society

J’en ferais ensuite une présentation plus détaillée au cours des prochains articles de cette série tout en essayant de vous proposer des applications concrètes sur la batterie.

Dans la mesure du possible, j’ai également indiqué leur nom français ou « historique » à l’appui des termes américains. Par ailleurs, j’ai placé des repères après chaque nom qui vous permettent d’identifier : (E) : Les 13 rudiments essentiels / (A) : Les 13 rudiments auxiliaires / (1984) : Les 14 rudiments ajoutés par la P.A.S. en 1984

Roll rudiments / Roulements

A- Single Stroke Roll rudiments / Rudiments en frisé

Les techniques en frisé comprennent une succession de frappes simples jouées en alternance avec la main droite et la main gauche.

# 1 – Single Stroke Roll / Frisé / Coup simple (ou anciennement « bâton rond ») (A)

# 2 – Single Stroke Four / Frisé de 4 coups (1984)

# 3 – Single Stroke Seven / Frisé de 7 coups (1984)

B- Multiple Bounce Roll rudiments

# 4 – Multiple Bounce Roll / Buzz Roll / Press Roll / Roulement écrasé (1984)

# 5 – Triple Stroke Roll / French Roll (1984)

C – Double Stroke Roll rudiments / Rudiments en roulé

Les exercices en roulé sont quant à eux composés d’enchaînements de coups doubles joués en alternance avec la main droite et la main gauche.

# 6 – Double Stroke Open Roll / Roulé / Roulement ouvert (anciennement appelé « bâton rompu ») / Roulement à double coup / Papa – Maman (E).

# 7 – Five Stroke Roll (E)

# 8 – Six Stroke Roll (1984)

# 9 – Seven Stroke Roll (E)

# 10 – Nine Stroke Roll (A)

# 11 – Ten Stroke Roll (A)

# 12 – Eleven Stroke Roll (A)

# 13 – Thirteen Stroke Roll (A)

# 14 – Fifteen Stroke Roll (A)

# 15 – Seventeen Stroke Roll (1984)

Diddle rudiments / Moulins

# 16 – Single Paradiddle / Moulin (A)

# 17 – Double Paradiddle / Volant (E)

# 18 – Triple Paradiddle (1984)

# 19 – Single Paradiddle-Diddle (1984)

Flam rudiments / Flas

# 20 – Flam / Fla (E)

# 21 – Flam Accent / Patafla (E)

# 22 – Flam Tap (A)

# 23 – Flamacue (E)

# 24 – Flam Paradiddle / Flamadiddle (E)

# 25 – Single Flammed Mill (1984)

# 26 – Flam Paradiddle-Diddle (A)

# 27 – Pataflafla (1984)

# 28 – Swiss Army Triplet (1984)

# 29 – Inverted Flam Tap / Tap Flam / Coup anglais (ou « Langlais ») (1984)

# 30 – Flam Drag (1984)

Drag rudiments / Ras

# 31 – Drag / Half Drag / Ruff / Ra de 3 (E)

# 32 – Single Drag Tap / Single Drag / Rigodon (raté-sauté de 3 coups ternaire) (E)

# 33 – Double Drag Tap / Double Drag / Coup de la Diane (E)

# 34 – Lesson 25 / Râté-sauté de 3 coups (binaire) (A)

# 35 – Single Dragadiddle (1984)

# 36 – Drag Paradiddle #1 / Dragadiddle #1 (A)

# 37 – Drag Paradiddle #2 / Dragadiddle #2 (A)

# 38 – Single Ratamacue (E)

# 39 – Double Ratamacue (A)

# 40 – Triple Ratamacue (E)

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Les rudiments hybrides…

La plupart des enseignements se base désormais sur les 40 rudiments de la P.A.S.

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Cependant, au fil des années, un grand nombre de rudiments a été créé et identifié.

On parle alors des rudiments hybrides qui sont créés en combinant plusieurs rudiments basiques entre eux, en ajoutant des variations aux exercices initiaux ou en créant de toute pièce de nouveaux motifs. La seule limite est alors la créativité des batteurs qui inventent sans cesse de nouvelles combinaisons.

Il n’existe donc aucune liste exhaustive et définitive des rudiments hybrides.

Ainsi, « The Rudiment Encyclopedia » du site internet www.ninjadrummist.com en répertorie actuellement 507 !

Un langage vivant…

Cette évolution perpétuelle prouve ainsi que le vocabulaire de la batterie est vivant et qu’il s’adapte sans cesse aux besoins des batteurs et de la musique contemporaine.

 

A suivre …

 

Pour vous, pratiquer les rudiments c’est un mal nécessaire, une corvée ou encore un jeu ? Comment les pratiquez-vous et à quelle fréquence ?

Donnez-moi votre avis sur les rudiments dans les commentaires ci-dessous.

 

Sources pour cet articles

Crédits photos pour cet article

  • Tambour et baguettes
    Photographe : BERNARDOT Claude-Henry
    Ce fichier provient des collections des Musées de la Haute-Saône et a été publiée sur ikimedia Commons dans le cadre d’un partenariat avec Wikimédia France.
    Ce fichier est disponible selon les termes de la licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée).
  • Sapeurs du Génie de la Garde Impériale :
    Par Maurice Orange (1867-1916) [Public domain], via Wikimedia Commons
  • Tambour français représenté dans l’Orchésographie de Thoinot Arbeau
    Thoinot Arbeau [Public domain], via Wikimedia Commons
    Cette image de la collection American Memory Collections est disponible sur la Music Division de la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis sous le numéro d’identification musdi.219.
  • National Association of Rudimental Drummers (N.A.R.D.) créée en 1933
    Cette image est issue du site : http://nard.us.com
  • Percussive Arts Society
    Ce logo est issu du site http://www.pas.org
  • Les autres photos proviennent du site pixabay.com et sont libres de droits (licence Creative Commons CC0 1.0 universel (CC0 1.0) – Transfert dans le Domaine Public).
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