En novembre 2023, Gérald de Palmas met un terme à une longue pause de sept ans en sortant un huitième album intitulé Sous un soleil de plomb. Dans le même temps, le chanteur et guitariste annonce la fin de sa carrière sous sa forme actuelle en raison de sérieux problèmes de voix. Je vous propose de retracer le parcours d’un artiste français incontournable des années 2000. De ses débuts difficiles aux tournées triomphales, l’auteur-compositeur-interprète a tout connu : d’énormes succès populaires, mais également des échecs commerciaux et des périodes d’incertitude. Pour chacune de ses productions, la batterie reçoit un traitement particulier et différents musiciens se sont succédé pour donner vie aux rythmes allant du rock au blues. Mais, quelles relations lient Gérald de Palmas et les batteurs le temps d’un enregistrement ou d’une série de concerts ? Qui sont les artisans du groove qui accompagnent celui qui a commencé comme bassiste ? Parcourons ensemble trente années jalonnées par huit albums studio, un live, une compilation et quelques tubes dont l’inévitable Sur la Route.
Gérald Gardrinier alias Gérald de Palmas
En 1977, Jocelyne et Jacques Gardrinier décident de quitter l’île de La Réunion pour revenir en France métropolitaine. Ils s’installent ainsi avec leurs deux enfants à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône.
Le cadet, Gérald, a 10 ans. Au collège, l’adolescent découvre la musique. Cette passion naissante le pousse à apprendre la guitare puis la basse en écoutant les rythmes de groupes anglais comme The Specials ou Level 42.
Au grand désespoir de ses parents, il délaisse peu à peu les études pour accompagner des musiciens locaux. En 1985, il intègre effectivement Les Max Valentin comme bassiste et chanteur aux côtés d’Édith Fambuena (guitariste) et de Jean-Louis Piérot (claviers). Repéré par Étienne Daho, le trio signe sur le label récemment créé par ce dernier et il enregistre deux singles.
Cependant, le succès n’est pas au rendez-vous. Et, face aux différends artistiques qui apparaissent, Gérald quitte la formation en 1987.
L’année suivante, il s’installe à Paris avec la ferme intention de réussir une carrière en solo. Il choisit alors le patronyme de sa grand-mère maternelle, Roxane de Palmas, comme nom de scène.
Il se consacre à l’écriture de chansons tout en gagnant sa vie comme bassiste de studio. Le jeune homme côtoie alors de nombreux musiciens parisiens. Mais, cette longue période est surtout marquée par le doute, l’incertitude et les remises en question.
Un premier album avec Mikaël Sala, batteur, auteur et producteur
À force de travail, Gérald de Palmas trouve son style et sort de cette impasse. Il compose seul l’intégralité des musiques ainsi que les paroles de sept des onze morceaux qui constitueront son premier disque.
Transporter une batterie acoustique en toute sécurité est un exercice compliqué. Petit tour d’horizon des différentes solutions techniques proposées aux batteurs itinérants dans l’article :
Housses et étuis pour batterie acoustique | Protection rapprochée
L’enregistrement a lieu à l’automne 1993. Le batteur franco-tunisien Cyril Naocco joue sur le titre Sans recours qui ouvre l’album. Mikaël Sala signe toutes les autres pistes de batterie et il s’illustre ensuite par ses multiples compétences. En effet, depuis la fin des années 1980, il est à la fois batteur, auteur, producteur ou encore manager pour de nombreux artistes comme Niagara, Ophélie Winter ou Kent. Alors, après avoir écrit les textes de quatre morceaux du futur disque du jeune musicien, Mikaël Sala participe également à sa production.
“Les batteurs sont mes amis, la batterie est très importante pour moi ! D’abord parce que je suis bassiste, à l’origine. […] Aujourd’hui, je joue de la guitare, mais la batterie est toujours cruciale pour moi.”
Gérald de Palmas – Batteur Magazine # 304 / Septembre 2016.
Mais, faute de maison de disque, de Palmas doit encore attendre pour dévoiler ses créations au public. L’année suivante, il gagne le concours télévisé Musique de demain et attire l’attention du label Chrysalis qui accepte de distribuer son album.
Ce premier opus intitulé La Dernière Année sort finalement en 1994. C’est un véritable succès artistique et commercial qui lance la carrière du chanteur et lui permet de remporter une Victoire de la Musique (révélation masculine de l’année) en 1995.
Après ce coup de maître et deux cents concerts environ, de Palmas enchaîne avec un deuxième disque dès 1997.
Andy Newmark, un batteur américain pour le deuxième album
Pour Les Lois de la Nature, Mikaël Sala prend part à nouveau à la production et il joue des percussions additionnelles sur quelques titres. En revanche, il laisse sa place derrière les fûts à l’américain Andy Newmark.
Le New-Yorkais est un musicien de studio reconnu et expérimenté. Il a notamment fait partie du groupe funk Sly & The Family Stone et il a participé à l’enregistrement de l’album Fresh en 1973 (une référence en matière de batterie funk !). Mais il a également accompagné de nombreux artistes internationaux depuis les années 1970 (John Lennon, David Bowie, George Harrison, Rod Stewart, Roxy Music, Sting, etc.).
À ses côtés, Mathieu Chedid est crédité en tant que guitariste et batteur tandis que les programmations font ponctuellement leur apparition.
Néanmoins, contrairement au premier album, Les Lois de la Nature est un échec qui replonge de Palmas dans le doute.
Il fait alors appel à Jean-Jacques Goldman pour s’extirper de cette période délicate. Ce dernier lui propose les paroles de J’en Rêve Encore, un titre qui figurera sur l’album Marcher dans le Sable avec Tomber (écrit avec Maxime Le Forestier) et d’autres tubes.
Sorti en 2000, ce troisième opus est une véritable déferlante avec plus d’un million d’exemplaires vendus. Il consacre le chanteur comme une star de la chanson française et lui apporte une nouvelle Victoire de la Musique (artiste-interprète masculin en 2002). Avec 180 concerts, la tournée suivante est également un triomphe immortalisé par le Live 2002.
Amaury Blanchard en studio et en tournée
Après une pause de quelques mois, de Palmas reprend le chemin du studio. Son quatrième album intitulé Un Homme sans Racines sort en octobre 2004 et il s’en vend plus de 600 000 exemplaires.
Depuis la tournée de 1997, Amaury Blanchard s’est installé sur le siège de la batterie. Il participe aux deux derniers enregistrements et il tient également les baguettes au cours des concerts en 2001-2002 et 2004-2005.
Le batteur français a doublé l’acteur Jean Reno dans le film Subway de Luc Besson et il a joué pour la bande originale composée par Éric Serra. Mais on le connaît surtout pour sa collaboration avec de nombreux artistes comme Renaud, Jacques Higelin, Johnny Hallyday, Paul Personne, Axel Bauer, etc.
“J’aime bien changer d’intentions en milieu de morceau, placer des crescendos, des decrescendos, des ad lib.. Avec Amaury, la complicité avait fini par être très grande, et je n’avais pratiquement plus besoin de faire signe pour qu’il comprenne ce que je voulais.”
Gérald de Palmas – Batteur Magazine # 304 / Septembre 2016.
Un album sans batteur et le retour aux sources avec Julien Audigier
Depuis Marcher dans le sable, de Palmas utilise régulièrement les rythmes électroniques et les programmations.
Pour son cinquième opus, Sortir, paru en 2009, le chanteur pousse l’expérience jusqu’au bout. Il décide en effet de mener seul l’écriture et l’enregistrement des onze titres ! Par conséquent, aucun batteur n’est crédité. Mais, il reste fidèle à Amaury Blanchard pour la tournée de promotion (2009-2011).
L’album suivant intitulé De Palmas (2013) marque un retour aux sources avec des accents plus rock et blues. Le guitariste renoue également avec l’esprit de groupe et il capte tous les morceaux dans des conditions live. Il confie naturellement les baguettes à Julien Audigier qui vient d’effectuer la fin de la tournée Sur ma Route (suite à la compilation éponyme sortie en 2011). Et, après l’enregistrement de l’album, le jeune batteur français enchaîne avec les concerts suivants en 2013 – 2014.
“Gérald de Palmas est super cool et il tient vraiment à cet esprit de groupe. Très cool, mais en même temps très très exigeant ! Il faut tout le temps rester à l’affût !”
Julien Audigier – Wikidrummers
Eric Langlois participe également à cette tournée en 2014 (il avait déjà intégré le groupe de de Palmas en 2003 pour la tournée Un Homme sans Racines).
Édouard Coquard et Raphaël Chassin : entre programmations et batterie
Pour l’album La Beauté du Geste (avril 2016), Gérald de Palmas fait appel à Édouard Coquard.
Le multi-instrumentiste fait partie du groupe comme bassiste et choriste depuis le disque précédent. Pour cet enregistrement réalisé une nouvelle fois en conditions live, il officie également à la batterie et il est crédité pour les programmations sur quelques titres.
En revanche, la promotion est effectuée sans batteur, à l’image de ce concert pour Le Grand Studio RTL en 2016.
Entouré de deux ou trois musiciens, Gérald de Palmas délaisse les batteurs et privilégie alors les boîtes à rythmes pour ses prestations scéniques. David Berland (clavier), Édouard Coquard (basse, synthétiseur et chœurs) et Édouard Algayon (guitare électrique et séquenceur) l’accompagnent fréquemment.
Après sept albums et de longues tournées, le chanteur met sa carrière entre parenthèses et il retourne vivre à La Réunion. La pause dure sept ans. Elle prend fin en novembre 2023 avec un nouveau disque.
Intitulé Sous un Soleil de Plomb, il regroupe des chansons teintées de folk sur lesquelles Raphaël Chassin a posé son groove. Très présent sur la scène pop – rock actuelle, le batteur français est un musicien de studio recherché et il a notamment accompagné Vanessa Paradis, Julien Doré, Tété et Johnny Halliday.
Malheureusement, ce huitième album de Gérald de Palmas sera le dernier.
Gêné par un problème de voix récurent qui ne lui permet plus de partir en tournée, cet artiste incontournable des années 2000 préfère effectivement mettre un terme à trente ans de carrière. Il nous laisse néanmoins un timbre élégant, des mélodies touchantes, des rythmes subtils et de nombreux tubes dont l’entêtant Sur la Route.
Sur la Route : l’histoire d’un énorme tube
Sur la Route est sans doute le titre le plus connu du répertoire de Gérald de Palmas. Ce single extrait du premier album de l’artiste intitulé La Dernière Année est sorti en septembre1994.
Danny Carey est une personnalité plutôt discrète qui accompagne l’évolution du groupe de metal Tool depuis sa création. Découvrez tous les détails de sa carrière dans l’article :
Danny Carey | L’énigmatique batteur de Tool
Les paroles et la musique sont l’œuvre du chanteur et, lors de l’enregistrement au Studio Time à Puteaux (avec l’ingénieur du son Steve Prestage), la composition est interprétée par :
- Gérald de Palmas – chant, basse et guitare ;
- Bertrand Bonello – piano électrique ;
- Pascal B. Carmen – guitare ;
- André Margail – guitare acoustique ;
- Bernard Viguié – basse ;
- et Mikaël Sala – batterie.
Vous connaissez tous le refrain de ce titre emblématique : “Car j’étais sur la route toute la sainte journée…” Diffusé en boucle sur toutes les radios, il squatte pendant plusieurs semaines les premières places dans le classement des ventes et dans les charts français.
“Il faut que je sente chez le batteur qu’il ressent la même découpe que moi, que les silences entre les coups sont pour lui comme moi je les ressens. Et je ne suis globalement pas un grand fan des parties de batteries compliquées.”
Gérald de Palmas – Batteur Magazine # 304 / Septembre 2016.
Cette chanson raconte la vie rêvée d’un musicien à succès qui passe le plus clair de son temps sur les routes au point de délaisser la femme qu’il aime.
Est-ce un fantasme du jeune auteur et interprète qui rencontre des difficultés pour faire découvrir ses compositions ?
Avec ce tube, de Palmas atteint son objectif. Il sort subitement de l’anonymat et il obtient le statut d’artiste incontournable de la variété française avec plus de 3,5 millions de disques vendus à ce jour.
Gérald de Palmas et les batteurs : rythme, fills et petites finesses
Sur la Route est un des premiers morceaux sur lesquels je me suis lancé lorsque j’ai commencé la batterie. La structure est classique et le rythme est simple. C’est idéal pour apprendre à tenir le tempo (il est ici plutôt cool à 110 bpm) et à enchaîner les fills.
Ce titre est assez représentatif de la relation entre Gérald de Palmas et les batteurs. Mikaël Sala joue sans fioritures, il conduit le morceau et en accentue les temps forts tout en insufflant une bonne dose de feeling.
Après quatre mesures d’introduction, le rythme principal en 4/4 s’articule autour d’un backbeat traditionnel et agrémenté de variations à la grosse caisse. Le hi hat est joué en croches régulières (la ride le remplace durant le solo de guitare).
Pour les refrains et les ponts, le rythme reste simple. Prêtez toutefois attention aux ouvertures de charley intermédiaires !
Un véritable break marque la fin du premier pont. Une frappe simultanée sur la caisse claire et le floor tom stoppe le rythme avant d’enchaîner sur le refrain avec une “pêche” (crash).
Dans cette composition classique, les fills sont présents sur les deux derniers temps des refrains et des transitions.
Pour terminer, voici quelques-unes des petites finesses auxquelles on ne prête pas forcément attention quand on est débutant : ouvertures de charley, accents, ghosts notes, etc. Puis, avec la pratique et l’écoute, on s’applique à les reproduire pour tenter de s’approcher de l’interprétation originale de Mikaël Sala.
Maintenant, c’est à vous de jouer ! Savez-vous interpréter ce morceau ou bien un autre titre de Gérald de Palmas ? Dites-moi lequel dans les commentaires !
Avertissement : Les extraits présentés dans l’article sont issus des relevés réalisés par mes soins pour apprendre le morceau. Ils constituent une interprétation personnelle et ils ne sont en aucun cas tirés de la partition originale.
La discographie de Gérald De Palmas
- 1994 : La Dernière Année (label : Chrysalis Records – EMI France)
- Batterie : Mikaël Sala et Cyril Noacco (sur un titre)
- 1997 : Les Lois de la Nature (label : Chrysalis Records – EMI France)
- Batterie : Andy Newmark et Mathieu Chedid (sur un titre)
- Programmation : Gérald De Palmas
- 2000 : Marcher dans le Sable (label : Polydor – Universal)
- Batterie : Amaury Blanchard (sur 8 titres)
- Programmation : Gérald De Palmas (sur 3 titres)
- 2002 : Live 2002 (live)
- Batterie : Amaury Blanchard
- 2004 : Un Homme sans Racines (label : Polydor – Universal)
- Batterie : Amaury Blanchard (sur 9 titres)
- Programmation : Gérald De Palmas
- 2009 : Sortir (label : AZ – Universal Music France)
- Batterie : aucun crédit
- 2011 : Sur ma Route (compilation)
- 2013 : De Palmas (label : Mercury)
- Batterie : Julien Audigier
- 2016 : La Beauté du Geste (label : Polydor)
- Batterie et programmation : Edouard Coquard
- 2023 : Sous un Soleil de Plomb (label : Barclay – Universal Music France)
- Batterie : Raphaël Chassin
Sources pour cet article :
- Batteur Magazine # 304 – Septembre 2016 : « Gérald de Palmas – Mon batteur et moi »
- Gérald de Palmas : Site officiel
- Universal Music France : De Palmas – Biographie
- Discogs : Gérald de Palmas
- RFI Musique : De Palmas – Biographie
- La Boîte Noire du Musicien : Interview – Amaury Blanchard – 05/07/2010
- Yamaha : Page artiste – Amaury Blanchard
- Wikidrummers : Interview – Julien Audigier – 21/03/2013
- Julien Audigier – Official Website