Depuis sa création, Internet s’est immiscé dans tous les compartiments de notre vie personnelle et professionnelle. La musique – et à fortiori la batterie – n’échappe pas à ce phénomène. Découvrir et apprendre la batterie, se faire connaître comme musicien, développer sa carrière de batteur et créer de nouveaux projets musicaux passent souvent par ce média devenu incontournable. Mais quelles sont les possibilités offertes par l’interconnexion entre batteurs et Internet ? Est-ce l’outil de communication et d’apprentissage idéal pour les batteurs amateurs et professionnels et doivent-ils absolument maîtriser toutes les facettes du web ?
Internet : un accès illimité à la culture musicale pour les batteurs
Avec l’avènement d’Internet, chaque écran d’ordinateur ou de smartphone est devenu une immense bibliothèque. En quelques clics, il est désormais possible d’accéder à toute la culture musicale internationale.
Pour les batteurs, Internet est une véritable mine d’informations pour explorer tous les aspects de notre instrument favori.
Je souhaite me lancer dans l’apprentissage de la batterie ou développer ma technique ?
De nombreuses publications et vidéos permettent de vulgariser l’instrument et d’en avoir une approche réaliste.
De multiples tutoriels sont disponibles sur Youtube tandis que des professeurs venant des quatre coins du globe proposent des cours en ligne ou via Skype.
Je recherche une information précise sur un équipement ?
Toutes les marques sont présentes sur le net, des tests de matériels sont susceptibles de m’éclairer et de nombreux forum peuvent répondre à mes questions.
J’ai besoin d’une partition de batterie ?
Quelques clics suffisent à dénicher des relevés ou à commander le document original directement chez l’éditeur.
Je m’intéresse à la technique ou à la discographie d’un batteur ?
En quelques secondes, mon moteur de recherche affiche plusieurs dizaines de résultats.
Je pourrais prolonger longtemps la liste d’exemples des connexions possibles entre l’activité des batteurs et internet…
Autrement dit, la source d’informations est inépuisable. Et cela constitue un véritable piège. En effet, face à cette offre pléthorique, vous pourriez facilement passer plus de temps devant votre écran d’ordinateur que derrière votre batterie ! Alors, il vaut mieux avoir une idée précise de ce que vous recherchez et vous fixez quelques limites.
Je retiendrais davantage la formidable ouverture d’esprit et les découvertes que le web permet de procurer : les différentes cultures du rythme, de nouveaux artistes, de nouvelles techniques de jeu, des matériels innovants, etc.
Un forum musical international
Pour les batteurs, la toile offre également l’occasion d’entrer en contact avec d’autres musiciens du monde entier. Ainsi, grâce aux multiples outils numériques mis à notre disposition, les projets musicaux virtuels sont de plus en plus nombreux.
Le phénomène est accentué par les problèmes sanitaires actuels et les confinements. De nombreux batteurs ont fait d’Internet et des réseaux sociaux leur nouveau terrain de jeu et d’expérimentation. Le net est devenu le média idéal pour partager avec d’autres musiciens ou pour faire connaître son activité.
En effet, il est désormais facile de collaborer avec des musiciens habitant à l’autre bout du monde. Inutile d’être dans le même local pour jouer avec d’autres musiciens. Chacun procède à ses enregistrements à son domicile avant de partager sa production par mail avec les autres membres du groupe. Certaines applications proposent même de réaliser des sessions d’enregistrement tout en étant éloignés de plusieurs milliers de kilomètres.
D’autres musiciens ont choisi la voie de la mutualisation en mettant leur production à la disposition d’une communauté ou en constituant une banque de données sonores libre de droit.
Internet a donc fait évoluer les échanges entre les musiciens. Et, dans le même temps, ce média a bouleversé la relation entre le musicien et son public. Les échanges sont de plus en plus directs et les liens de plus en plus étroits.
Une économie musicale numérique
Internet s’insinue directement dans le processus créatif des musiciens. Il contribue également à modifier la manière de promouvoir leur musique.
Il est aujourd’hui indispensable d’être visible sur le web et les réseaux sociaux. Pour cela, il faut continuellement diffuser du contenu original pour attirer l’attention du grand public et des professionnels. La difficulté : proposer une véritable identité musicale pour se démarquer au milieu du flot des publications quotidiennes. Et souvent, cela ne suffit pas. Il faut également présenter une image forte permettant au musicien d’être autant visible qu’audible.
“Il s’agit hélas d’un mal nécessaire pour beaucoup d’entre nous. Aujourd’hui, les musiciens doivent promouvoir eux-mêmes leur travail et les gens sont tellement scotchés aux écrans de leurs smartphones que ce n’est plus que par ce biais-là qu’ils reçoivent les informations.”
Antonio Sanchez – Batterie Magazine # 176 – Mars / Avril 2020.
Parmi la nouvelle génération, de nombreux batteurs ont éclos grâce à Internet utilisé comme une vitrine de leur art ou comme support de véritables coups médiatiques.
“Pour moi, les réseaux sociaux ont représenté une véritable chance, et c’est le cas pour tous les artistes indépendants qui ont pu se construire une communauté et faire connaître leur musique aux quatre coins du monde. Cela a quand même été une sacrée révolution.”
Anika Nilles – Batterie Magazine # 176 – Mars / Avril 2020.
Ce bouleversement est à l’origine d’une nouvelle économie musicale numérique où de nouveaux métiers sont apparus (community manager, marketing digital, etc.). Internet a également permis de développer de nouvelles sources de revenus (cours en ligne, publicité, promotions de matériels, etc.).
Le networking fait désormais partie de l’activité des musiciens. Les réseaux d’affaires numériques sont souvent indispensables pour entrer en relation avec les autres artistes, les organisateurs de concerts, les agents, les producteurs, etc.
Batteurs sur Internet : de nouvelles activités chronophages
Internet est donc en mesure d’offrir un accès à la culture musicale et de favoriser les contacts entre les acteurs de la production et de la promotion musicale. Cependant, l’envers du décor n’est pas forcément idyllique pour tous les musiciens.
Ainsi, la grande majorité d’entre eux est obligée d’acquérir et de développer de multiples compétences afin de surnager dans cet univers numérique. Une seule et même personne doit cumuler différents rôles aussi différents que musicien, community manager, informaticien, agent, webmaster, etc.
De même, le musicien doit maîtriser de nombreux outils informatiques pour être en mesure de proposer des contenus numériques de qualité : montage vidéo, prise de son, MAO, retouches photos, créations de visuels, gestion d’un site internet, etc.
Mais toutes ces activités sont chronophages pour le musicien qui assure seul la promotion de sa musique. Elles concurrencent directement la production musicale. Et le risque est, une nouvelle fois, de passer plus de temps devant son ordinateur que sur son instrument de musique.
“La créativité que nous consacrons à produire du contenu intéressant pour nos réseaux sociaux, c’est du jus que nous mettons en moins dans notre art et dans notre travail.”
Antonio Sanchez – Batterie Magazine # 176 – Mars / Avril 2020.
La dictature des statistiques et de l’image
Avec Internet, les musiciens sont entrés de plein pied dans une nouvelle dimension prenant souvent l’apparence d’un tourbillon sans fin.
Afin de promouvoir son activité, d’optimiser sa présence en ligne et de développer son réseau, il faut publier sans cesse. Le musicien ne peut plus se contenter de faire de la musique. Il doit consacrer énormément de temps à communiquer. La visibilité passe par ce partage permanent de sa musique et surtout de son image.
“Pour Facebook et Instagram, je passe au minimum une heure par jour à animer mes pages, et souvent le double. C’est mon business qui est en jeu, alors je prends ça très au sérieux. (…) Mais parfois, je me dis quand même qu’il prend trop de place dans nos carrières.”
Anika Nilles – Batterie Magazine # 176 – Mars / Avril 2020.
De plus, il doit se renouveler très régulièrement au risque de lasser son auditoire et de perdre en visibilité. Entre batteurs et Internet, la machine infernale est lancée…
“Ce n’est pas évident de se renouveler et de toujours avoir du contenu frais à proposer (…). C’est toujours un stress d’essayer de sentir ce qui va leur donner envie de continuer à me suivre.”
Anika Nilles – Batterie Magazine # 176 – Mars / Avril 2020.
Internet a révolutionné énormément de choses dans le monde musical. Mais il a également importé la pression des statistiques qui est souvent une valeur négative pour une création musicale de qualité.
“Il y a des artistes dont la créativité est drivée uniquement par leur envie de cartonner sur les réseaux sociaux. C’est quand même dingue que certaines personnes parviennent à devenir si populaires sur Instagram ou Facebook qu’elles finissent par le devenir aussi dans le monde réel.”
Antonio Sanchez – Batterie Magazine # 176 – Mars / Avril 2020.
Un paysage musical considérablement modifié
La musique et Internet sont désormais étroitement liés. Les habitudes des musiciens et des amateurs de musique ont changé.
La musique et les concerts se partagent en streaming. Les disques, les partitions et les livres sont peu à peu remplacés par des fichiers informatiques immatériels. Les échanges sont facilités, la culture est mise à la disposition du plus grand nombre, mais on se heurte néanmoins à certains problèmes.
Internet est devenu un acteur culturel. Mais, si son offre musicale et pédagogique est pléthorique, elle est aussi de qualité vraiment inégale.
Et tandis que les supports physiques tendent à disparaître, Internet se contente de fichiers numérisés et compressés qui tire la qualité sonore vers le bas.
L’internaute engloutit les morceaux et les albums comme n’importe quel bien de consommation. De plus, la musique se trouve noyée au milieu d’un monde numérique dominé par l’image et la vidéo. Comment apprécier la musique lorsque vous êtes sans cesse sollicité par des messages et des images ? L’écoute totale et exclusive d’un morceau semble désormais impossible comme si la musique ne pouvait se suffire à elle-même. Autrement dit, la musique se consomme plus qu’elle ne s’apprécie.
Les cours de musique sont de plus en plus dématérialisés. Cependant, la pédagogie n’est pas du tout la même suivant que l’élève se trouve dans la même pièce que le professeur ou séparé de ce dernier par un écran.
Quant à l’achat d’instruments de musique, Internet renforce la main mise des grandes plateformes sur le marché. Et disposer d’une boutique en ligne est désormais devenu une nécessité, y compris pour les petits artisans.
Batteurs et Internet : les relations humaines remises en question
Le métier de musicien et l’activité des batteurs évoluent avec Internet. L’apprentissage d’un instrument, la pratique musicale et la création empruntent de nouvelles voies. Des cours de solfège à la promotion d’un artiste, les possibilités semblent illimitées. Cette évolution semble durable et profonde. Et elle a des conséquences sur nos habitudes que l’on soit mélomane, musicien amateur ou professionnel.
La gigantesque interconnexion mise en place par Internet est fabuleuse. Culture, Information, contenu pédagogique, bases de connaissances sont accessibles en quelques clics. Mais cette navigation quotidienne nous fait oublier les partages entre musiciens dans une petite salle de répétition, les rassemblements de fans pour un concert, les échanges avec un professeur assis à proximité, les découvertes dans un magasin de musique, etc.
Autrement dit, Internet nous éloigne sans aucun doute de l’essentiel : les relations humaines et les échanges directs.
Utilisez-vous régulièrement Internet pour votre activité de batteur ? Quels usages faites-vous du web ? Que pensez-vous de sa présence dans notre vie quotidienne de musiciens ? Dites-moi tout dans les commentaires !
Et si vous souhaitez aller plus loin sur ce thème, je vous recommande la lecture de cet article : Apprendre la batterie | Cours traditionnels ou cours en ligne ?
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Parfaitement et très pertinent, toutes les facettes sont décrites.
* Manque juste un point , ptet pas si visible si on fait comme tout le troupeau*.
Ok de blinder ses reseaux de contenus, d etre visible mais après ? Où est l intérêt ? Si je suis ( mon contenu et interaction avec artistes ) activement actuellement très artistes nordiques, Norvège Suède et USA nord, c est parce que soit il y a eut suggestion d articles selon mon choix d abonnements au tout début, soit **surtout parce que les artistes sont venus voir mon media par un @ et ou # commun récurent. Et ils ont carrément osé envoyer un mp, un message vocal. Elles et ils ont personnalisé et créé du sur mesure. Ils ont créé des lives stream concerts gratuits puis payants abordables, ont créé des videos pour moi, non publiées ailleurs. Au final il y a double sens d entraide qui s est formé à des milliers de kms. Et une vraie amitié humaine. Une réalité d echange musicale et physique par des envois reels de materiels etc. Tout le monde y gagne. Et ça booste le moral creatif,
en ces moments covid zero concerts a l ancienne. Pour le moment chez les français, seulement 2 sur 10 d artistes/groupes que j apprecie et decouverts, se sont bougés, ont osé. C est dommage. Les 8 autres sont resté à spamer pour avoir du follower, ne repondent pas aux commentaires ni mp, c est comme s il y avait une belle vitrine mais personne dans le magasin, zero interactions humaine directe. Souhaitons qu ils elles se reveillent 🍀, ou leur public va disparaitre rapidement, oubliettes, même si leurs talents musicaux sont réels.
Beau dimanche à toi et continues ce blog, c est pépite !!!!
Salut Mary,
Merci pour tes compliments sur le blog et pour ce commentaire.
C’est vrai que les musiciens qui réussissent le mieux sur internet sont ceux qui privilégient des contacts étroits et personnalisés avec leur public. Mais, il y a d’une part ceux qui gèrent eux-mêmes leur communication sur les réseaux sociaux et, d’autre part, ceux qui ont les moyens de déléguer cette tâche à un community manager. Je trouve que ça reste assez difficile toutefois d’avoir de vraies relations humaines uniquement par le biais d’internet. Il y a sans doute aussi une question de génération : les plus anciens subissent un peu internet et les réseaux sociaux alors que c’est parfaitement naturel pour la jeune génération.
A bientôt.
FR[ed]C