Pour la première fois, j’ai décidé de me rendre à la grand-messe française de la batterie.
Je veux bien entendu parler du rendez-vous incontournable qu’est devenue la BAG SHOW au fil de ses quinze années d’existence.
L’édition 2017 s’est donc déroulée le 29 Octobre dernier à Paris et …. j’étais dans la salle !
Réveil très matinal …
Une visite à la BAG SHOW, c’est pour moi, habitant la campagne du Limousin, la perspective d’une longue journée.
Levé à 4h00 du mat’ (j’ai des frissons, je claque des dents et je monte le son ….. vous connaissez la suite !) puis 45 minutes de voiture pour rejoindre la gare. Suivent alors 3h30 de train en direction de Paris, et finalement 45 minutes de métro pour arriver enfin vers 10h00 devant La Machine du Moulin Rouge où se déroule la manifestation.
Il faut vraiment que la batterie soit une passion !
Nous prenons place aux premiers rangs de la file d’attente et il va falloir s’armer de patience car on nous annonce un peu de retard dans la mise en place du plateau. L’ouverture des portes est donc décalée de 11h00 à 11h30 …Heureusement, le personnel de sécurité est très sympa et la conversation s’engage dans la file d’attente qui ne cesse de s’allonger au fil des minutes. Et surprise, Benny GREB vient prendre l’air à quelques mètres de nous !
En pôle position pour la visite des stands …
Vers 11h30, les portes de la BAG SHOW s’ouvrent enfin et les vigils libèrent les visiteurs qui piaffent d’impatience.
Je ne m’attendais pas du tout à cette configuration pour ce lieu dédié à la batterie pour la journée. Cet endroit est surprenant et complètement atypique.
La visite commence par un hall d’entrée où le stand de “1000 BATTEURS POUR LA PAIX” côtoie “BATTEUR MAGAZINE”.
Puis un long couloir ponctué de marches permet de découvrir tour à tour les stands de LA BAGUETTERIE, de MEINL, des protections auditives ACOUFUN et de la batterie virtuelle AERODRUMS.
Une petite pause pour découvrir le kit LALITE puis on enchaîne avec le stand de BATTERIE MAGAZINE avant d’aborder l’espace dédié à l’électronique (ROLAND et YAMAHA principalement).
Il nous reste à découvrir les produits EARBAY et les baguettes PRO ORCA mais notre regard est déjà attiré par la fosse et la scène en contre bas. Les kits des différents batteurs sont d’ores et déjà tous installés côte à côte. Cela donne une impression d’enchevêtrement de matériels. On peut même se demander comment ils vont bien pouvoir accéder à leur siège !
La visite des stands, acte 2 …
En attendant le début des prestations, une volée d’escalier permet d’accéder au niveau inférieur, “La Chaufferie” dédiée aux autres exposants.
Pincez-moi, c’est Noël au mois d’Octobre !
Vous pouvez enchaîner les stands SONOR avec les kits SQ1 et 2, ZILDJIAN, PEARL avec un superbe kit “Crystal Beat”, SABIAN, ALESIS (pourquoi ne sont-ils pas avec les autres batteries électroniques ?).
On poursuit avec GRETSCH et les caisses claires “The One”, PAISTE avec tous les modèles de la série 900, DW qui expose un magnifique kit dont j’ai oublié le nom mais pas la couleur (rose !), LP, TAMA avec de nombreuses caisses claires de la gamme SLP, ASBA, STAGG qui me surprend avec les cymbales de la série “Genghis”, REMO, MAPEX, LUDWIG, NATAL, BRITISH DRUM Co (marque que je ne connaissais pas), etc …
Bref, la majeure partie des grandes marques distribuées par LA BAGUETTERIE est bien présente.
Mes trois coups de cœur au cours de cette visite :
- La renaissance de l’emblématique marque française ASBA. Guillaume PORNET présentait ici deux superbes prototypes en attendant le début de la commercialisation annoncée en 2018.
- Le stand ZILDJIAN qui permettait de découvrir des prototypes de cymbales issus du sound lab de la marque.
- Le dynamisme du fabricant français de baguettes PRO ORCA. Flavien PONTY partage sa passion et ses projets autour de la fabrication de baguettes avec des bois provenant des forêts françaises.
Mais je mettrais un petit bémol à cette exposition : l’espace dédié est bien trop exiguë. Cela nuit véritablement à la qualité des stands et à la visibilité des produits. Et, comment essayer un kit ou tester la sonorité d’une cymbale dans un tel brouhaha ?
Place au spectacle …
Il est maintenant 12h30 et la fosse se remplit peu à peu. Laurent BATAILLE, maître de cérémonie de la BAG SHOW 2017, annonce le début des exhibitions.
C’est à Gabriel DELMAS, vainqueur du concours organisé par LA BAGUETTERIE, que revient la lourde tâche d’ouvrir le spectacle. Pas si lourde finalement, car sa prestation est impressionnante. Du groove, de la technique, de la finesse. Et même les problèmes techniques n’ont pas réussi à le déconcentrer !
Il laisse ensuite sa place au batteur anglais Joe CLEGG. Sa prestation est originale car il joue sur la bande son (et les images) de concerts de la chanteuse Ellie GOULDING dont il est non seulement le batteur mais également le directeur musical depuis 2009. Cela donne un show à la fois très vivant et très scénarisé. Et cela permet de découvrir comment un batteur moderne utilise un kit hybride (GRETSCH / ROLAND) pour orchestrer le déroulement du live en lançant des titres et des samples notamment.
Les batteurs anglais se succèdent et Kaz RODRIGUEZ fait son entrée en scène. Batteur de session, clinicien et compositeur, il prend lui aussi place derrière un kit hybride (TAMA / ROLAND). Et toute sa démonstration est réalisée sur des backing tracks qu’il compose lui-même. Ce batteur a vraiment un style unique, à la fois très fluide et énergique. Et, les sonorités qu’il propose sortent vraiment de l’ordinaire. Une belle découverte pour moi qui ne suit pourtant pas un grand fan des musiques électroniques !
Les batteurs latins …
Changement complet d’atmosphère pour la suite du programme. Les rythmes cubains s’emparent du public de la BAG SHOW avec un incroyable duo formé par Fausto CUEVAS aux percussions et Raul PINEDA à la batterie.
Batteur et percussionniste, Fausto CUEVAS peut se targuer d’avoir accompagner de grands noms comme Stevie Wonder, Sting, B.B. King, Britney Spears, Carlos Santana ou encore Jennifer Lopez.
Quant au batteur cubain Raul PINEDA, il demeure l’un des batteurs les plus reconnus et les plus innovants de la musique latine.
Le début de la prestation est marqué par un problème technique qui conduit Raul PINEDA à quitter son siège tandis que Fausto CUEVAS assure seul le show.
Néanmoins, ils cumulent à eux deux une expérience de la scène, une technique et un groove incroyables où l’on peut ressentir de multiples influences. Et, ils mettent tout cela à profit pour pratiquer un jeu complémentaire ou se mettre en valeur à tour de rôle.
Le niveau monte encore d’un cran quand le jeune batteur espagnol, Miguel LAMAS porte les premiers coups de baguettes. Quel niveau technique et quelle musicalité ! Après quelques minutes, on comprend pourquoi, il est si vite devenu un batteur de renom. Rapidement, je ne cherche plus à comprendre l’aspect technique de son jeu et je ne retiens que la virtuosité tantôt jazzy et tantôt funky de sa magnifique prestation.
Les stars américaines …
Après les batteurs latins, nous nous apprêtons à accueillir une des stars américaines du jour : Robert “Sput” SEARIGHT. Malheureusement, il fait un petit caprice (de star !) et demande que l’un des deux kits installés pour sa prestation soit démonté. Panique chez les techniciens de la BAG SHOW qui sont obligés de revoir en urgence toute l’installation et la sonorisation du matériel. Et, Laurent BATAILLE, un brin agacé, meuble pendant cet intermède.
Robert “Sput” SEARIGHT est un des deux batteurs du collectif SNARKY PUPPY (avec Larnell LEWIS). Son talent et sa créativité lui ont permis de devenir un batteur, mais aussi un producteur influent. A l’aise dans tous les styles de musique, il a notamment accompagné Snoop DOGG, Céline DION et Justin TIMBERLAKE.
Et, pour tout dire, on lui pardonne rapidement son petit caprice dès qu’il commence à jouer : les rythmes et les fills sont inventifs, on ressent de multiples influences, la maîtrise technique est impressionnante (il joue aussi bien en droitier qu’en gaucher) et quel rimshot !
Cerise sur le gâteau : il nous gratifie d’une véritable improvisation en guise de rappel. Bravo !
Deuxième invité américain de l’après-midi : Sonny EMORY, l’expérimenté et légendaire batteur du groupe EARTH, WIND AND FIRE avec lequel il a évolué pendant 13 ans.
Sonny EMORY c’est un concentré de régularité et d’énergie. Son tempo solide et droit sert de base à un groove implacable. Sa technique est irréprochable dans tous les domaines du jeu (quel jeu au charley, quelles combinaisons sur les toms, quelle ponctuation à la double pédale, etc ….). C’est aussi une impression de puissance qui bascule soudainement vers une extrême finesse (le passage joué aux balais est mémorable).
Et il termine cela par un salut plein d’humilité !
Masters classe …
Il est 18h30 et un ultime changement de plateau va nous permettre d’assister aux prestations des deux têtes d’affiche de la journée : Monsieur “gospel shop” et le roi (ou plutôt le kaiser !) du groove……
Lorsqu’Aaron SPEARS entre en scène, c’est le batteur des superstars du R’n B qui s’installe derrière le kit DW. Il accompagne en effet régulièrement des artistes comme Ariana GRANDE et USHER après avoir découvert la musique dans les églises et fait ses armes de batteur dans le gospel.
Dès les premiers coups de baguettes, tout le monde semble scotché. Je suis bouche bée.
Il nous délivre des combinaisons incroyablement rapides et précises tout en étant réellement originales. Ses patterns me semblent d’une incroyable complexité. Mais, en même temps, tout cela reste fluide et naturel. Rien n’est forcé, chaque coup est clair et précis.
Et, cette technique hors paire reste au service d’un groove et d’une musicalité reconnaissables entre mille.
Au travers des différentes interviews qu’il donne à la presse internationale, Aaron SPEARS ne cesse de dire qu’il faut jouer avec le cœur. Il nous fait ce soir-là une belle démonstration de cette conception de la musique. Et cela va même plus loin car il sait partager avec son public. Il est toujours disponible pour une photo ou une dédicace sans se départir de son sourire.
Aaron SPEARS passe ensuite le relais à Benny GREB pour l’ultime prestation de la journée.
Masters classe 2 …
Première impression : il semble géant lorsqu’il s’installe derrière son kit SONOR réglé assez bas avec des cymbales disposées à plat de manière caractéristique.
Et, d’un seul coup, le personnage qui semble plutôt réservé se transforme en show man.
Sa prestation commence par l’accompagnement d’une bande son plutôt jazzy. Mais rapidement, il entame un solo magistral de plusieurs minutes où tous les éléments du kit (y compris les cercles et le corps des futs) sont mis à contribution.
Il poursuit sur un rythme afro arrangé à la sauce “Benny” avec une superbe énergie.
Le solo suivant monte crescendo avec des roulements tantôt très maîtrisés puis très énergiques et appuyés par la double pédale. Il poursuit avec un jeu aux mains nues sur l’ensemble du kit. Et même, le fait d’entrechoquer la caisse claire et le tom est prétexte à créer un rythme. Il finit à genou devant le tom basse puis disparaît complètement derrière son kit pour utiliser la peau de résonance du tom.
Le dernier morceau est joué tout en contraste en alternant jeu lent et plein de sensibilité et jeu énergique pour se terminer sous un tonnerre d’applaudissements.
Benny GREB ne joue pas. Il nous parle et il communique avec le public. Il a développé un véritable langage qui lui est propre mais que toute l’assistance semble comprendre !
Et même, lorsqu’il perd une baguette ou qu’une cymbale se dérègle, cela devient prétexte au jeu et à l’échange avec le public !
Bag Show 2017, une programmation éclectique …
Le show à peine terminé, c’est le sprint, direction la gare d’Austerlitz.
Pas question de louper le train retour pour regagner ma campagne car c’est le seul et unique de la soirée (encore merci la SNCF…..) !
Tandis que je m’installe dans le train, je fais un bilan de cette journée au pays des batteurs.
J’ai fait part de mon avis mitigé concernant l’exposition. En revanche, je suis enchanté par la programmation éclectique.
J’ai découvert des artistes internationaux qui reflètent différents courants musicaux, différentes approches techniques et conception du rôle du batteur.
L’ambiance dans le public est vraiment sympa. Et, on voit des pointures de la batterie qui évoluent sans aucun esprit de compétition et qui restent à l’écoute des prestation de leurs “collègues” (mention spéciale pour cela à Aaron SPEARS et Benny GREB).
Petit bémol tout de même : un seul batteur français et aucune batteuse sur scène aujourd’hui.
Par ailleurs, je tire un grand coup de chapeau aux techniciens qui devaient installer et déposer les instruments dans un espace réduit, qui devaient sans arrêt revoir les branchements et la position des câbles pour limiter les problèmes techniques.
Je pense également que cette manifestation est victime de son succès.
Dès le milieu de l’après-midi, la fosse et les allées étaient bondées. Les marches étaient occupées. Résultat : difficile de circuler, de communiquer ou de retrouver quelqu’un dans cette foule. J’avoue avoir pensé aux problèmes de sécurité … pas très rassurant à l’époque actuelle.
Marqué par une affluence record, ce show reste néanmoins une occasion unique de côtoyer des passionnés et d’assister à d’excellentes prestations.
Mais, comme de nombreuses personnes l’ont évoqué sur les réseaux sociaux, cet événement mériterait d’être organisé dans un lieu correspondant désormais à l’ampleur de son succès.
Et vous, avez-vous déjà participé à ce genre de manifestation ? Étiez-vous à la BAG SHOW 2017 ? Qu’en avez-vous pensé ? J’attends vos commentaires !
Si cet article vous a plu, n’hésitez surtout pas à commenter et à partager ce contenu !
Et, pour ne pas râter les prochains, abonnez-vous à la newsletter de Rim Shot & Ghost Note.
Merci !