Le drum tech fait partie des nombreux techniciens qui travaillent derrière les musiciens que vous admirez sur la scène. Caché en coulisses durant le concert, il est entièrement dévoué au batteur. Si son activité est essentielle pour la réussite d’un concert ou d’un enregistrement, elle demeure pourtant largement méconnue. De l’installation de la batterie à l’accompagnement personnalisé de l’artiste, j’ai choisi de mettre aujourd’hui un coup de projecteur sur ce métier de l’ombre.
Drum tech : un métier méconnu
Connaissez-vous le métier de drum tech ?
Avant de m’intéresser à cette profession, j’en avais une vision plutôt floue. J’imaginais un roadie connaissant l’instrument et chargé de monter puis de démonter la batterie au fil des concerts.
Cela fait bien entendu partie du travail à accomplir. Mais la tache du drum tech est bien plus large et, surtout, elle fait appel à des qualifications et à des compétences beaucoup plus importantes.
En effet, le drum tech doit être en mesure de prendre en charge toutes les facettes de la batterie et des diverses percussions utilisés par le batteur avec lequel il travaille :
- montage / démontage du kit au fil des concerts et des sessions d’enregistrement ;
- accordage et réglage spécifiques à chaque batteur (sonorité et disposition des éléments) ;
- vérification du matériel à chaque étape de son utilisation ;
- maintenance du kit (remplacement des peaux et de tout élément défectueux ou usé) ;
- assistance du batteur pendant le concert.
En France, contrairement aux Etats-Unis, ce métier n’est pas véritablement reconnu et les techniciens cumulent souvent plusieurs fonctions (drum tech, guitar tech, key tech, etc.) au sein des productions musicales.
De multiples compétences techniques
Pour mener à bien sa mission, le drum tech doit donc posséder de multiples compétences techniques et organisationnelles.
En premier lieu, il doit être lui-même batteur et passionné par l’instrument. D’ailleurs, de nombreux drum tech sont eux-mêmes batteurs amateurs ou professionnels. Savoir jouer de la batterie lui permettra effectivement de mieux maîtriser les réglages et la configuration du kit, de parler le même langage que le batteur et de comprendre les sensations de jeu.
D’autre part, s’intéresser aux techniques de fabrication (configurations, matériaux, etc.) et de réglage l’aidera à faire face à toutes les situations. Il sera en mesure de réagir plus rapidement devant un problème technique ou de conseiller le batteur plus efficacement.
Le drum tech doit ensuite connaître le matériel de sonorisation et avoir des notions de production de spectacle et d’enregistrement en studio. Tout au long de la préparation du kit, il travaillera en étroite collaboration avec les ingénieurs du son afin d’obtenir le meilleur rendu sonore tout en respectant les directives du batteur. Il sera ainsi capable d’apporter les ajustements nécessaires en fonction de l’acoustique et de l’équipement de chaque lieu (tension des peaux, position des micros, etc.).
“J’ai probablement été l’un des premiers drum techs. J’ai appris non seulement à accorder et à configurer les batteries, mais également à les sonoriser et à travailler en studio.”
Jeff Ocheltree – Drum tech
Quad-City Times : Drum tech gives some respect to the craft
Désormais, le drum tech doit posséder de solides connaissances en informatique afin de maîtriser les différents équipements et logiciels audio dédiés à la batterie. De plus, les éléments électroniques (pads, triggers, pédales de déclenchement, etc.) font désormais entièrement partie du kit des batteurs modernes.
Un technicien polyvalent et curieux
Le drum tech doit être polyvalent et savoir s’adapter aux différentes conditions rencontrées.
En travaillant successivement pour différents batteurs, il doit effectivement satisfaire aux exigences de chacun. De même, il est amené à évoluer aussi bien en studio d’enregistrement que sur des scènes de concerts plus ou moins importantes. Cette polyvalence doit également s’exprimer face aux différentes conditions acoustiques ou climatiques rencontrées tout au long d’une tournée.
Par ailleurs, le drum tech doit nécessairement être :
- calme et réactif afin de diagnostiquer rapidement un problème technique et être en mesure d’apporter une solution appropriée ;
- organisé et méthodique, car le temps est compté lors de la préparation d’un concert ou d’un enregistrement ;
- méticuleux, car il manipule des équipements coûteux ;
- consciencieux afin de s’assurer que chaque concert se déroule sans problème (vérifications répétées des réglages du matériel, des connexions ou encore de l’accordage des fûts variant selon l’humidité ou la température).
“C’est intense. Je m’assois juste derrière Danny parce que je dois être très proche de lui. Je dois remarquer s’il y a un problème avec l’une de ses pédales ou l’un de ses déclencheurs. Il n’a vraiment pas beaucoup de temps pour me dire si quelque chose ne va pas. Il compte sur moi pour le remarquer et pour intervenir.”
Joe Paul Slaby – Drum tech de Danny Carey (Tool)
Ticketmaster : The man who keeps Toll’s drum kit ready for crazy solos
Un drum tech doit donc être hautement qualifié et fiable pour gagner la confiance des batteurs et envisager une carrière durable.
“Vous faites sonner la batterie parfaitement, et quand le batteur arrive pour la balance, tout est prêt. Il n’y a rien à changer.”
Jeff Ocheltree – Drum tech
Quad-City Times : Drum tech gives some respect to the craft
Un geek de la batterie
La curiosité n’est pas un vilain défaut pour le drum tech, car il doit nécessairement se tenir au courant des nouveaux produits arrivant sur le marché. Il sera ainsi en mesure de prendre l’initiative et d’apporter des solutions techniques innovantes et créatives.
Par ailleurs, la force des drum techs les plus demandés est également d’avoir de nombreux contacts commerciaux dans le milieu musical et chez les fabricants de matériels. Ce réseau leur permet d’une part, de se faire connaître auprès des musiciens à la recherche de techniciens et, d’autre part, de répondre plus rapidement aux besoins des batteurs qui les engagent.
Le drum tech au service du batteur
Les relations humaines sont également prépondérantes dans le métier de drum tech. Dans certains cas, la prestation ne se limite pas à la partie purement technique et le drum tech peut aller jusqu’à accompagner et conseiller le batteur tout au long de son projet.
Dans ce cadre, il doit comprendre les besoins du batteur, appréhender son jeu et sa personnalité pour pouvoir anticiper ses besoins.
Pour cela, il doit connaître ses configurations favorites, ses réglages habituels et éventuellement le projet pour lequel il est engagé. Le drum tech sera alors en mesure de conseiller le batteur sur le matériel à utiliser ou sur les réglages à effectuer en fonction du projet. Batteur et drum tech forme alors une véritable équipe.
“Mon truc, c’est de comprendre quel est l’instrument approprié pour la chanson. Ce n’est pas seulement d’accorder la batterie. C’est d’obtenir un son qui convienne au projet.”
Ross Garfield – Drumtech
Spitfire Audio : “What do you do : the drum techs”
Que ce soit sur le plan technique ou humain, le but du drum tech est avant tout de mettre le batteur dans les meilleures conditions possible tout au long du concert, de la tournée ou de l’enregistrement.
“Je devais être utile aux batteurs, aux producteurs et aux ingénieurs du son pour qu’ils obtiennent de meilleurs résultats en moins de temps en s’appuyant sur quelqu’un qui se préoccupait complètement de la batterie.”
Ross Garfield – Drumtech
Spitfire Audio : “What do you do : the drum techs”
Des débouchés inattendus
La majeure partie des drum techs est freelance et enchaîne différents contrats tout au long de l’année. Ils suivent alors différents batteurs, mais ils peuvent également occuper des postes dans :
- des magasins de musique (ou chez des fabricants de matériels),
- des studios d’enregistrement,
- certaines sociétés de production d’émissions musicales télévisées ou de vidéo-clips,
- des sociétés de location de backline pour les groupes, les festivals, etc.
En France, Cédric Weiss travaille ainsi aux côtés de Romain Joutard sur le plateau de l’émission télévisée The Voice.
Au Royaume-Uni, Martin Oldham a ainsi commencé sa carrière de technicien professionnel dans une société de location de backline à Londres. En 2011, il a ensuite créé Drum Tech Support proposant de nombreux services aux batteurs professionnels.
Aux Etats-Unis, la carrière de Tod T. Burr a évolué au fil des opportunités. Il a travaillé comme drum tech pour Def Leppard, Motörhead ou encore INXS. Yamaha Drums l’a ensuite engagé pour soutenir les batteurs endorsés par la marque (Steve Gadd, Tommy Aldridge, Russ Miller, Gerry Brown, etc.). Puis il a dirigé le département “batterie” du Studio Instrument Rentals (S.I.R.) à Hollywood où il a côtoyé de nombreux artistes lors de vidéos, d’émissions télévisées, de concerts en studios.
Jeff Ocheltree, le pionnier des drums techs
Certains drum techs se sont spécialisés dans des domaines aussi variés que la conception de batteries, la fourniture de matériels vintage, la création de samples pour les équipements électroniques, etc.
Jeff Ocheltree a été un des premiers drums techs aux USA. Son premier emploi l’a conduit dans les studios Abbey Road à Londres où il a travaillé avec Billy Cobham (Mahavishnu Orchestra) dans les années 1970.
Il a ensuite accompagné des batteurs légendaires et a fait plusieurs fois le tour du monde lors des tournées de Led Zeppelin, Supertramp, Journey et Chicago notamment. Il a finalement créé la marque Drumtree fabricant des kits d’exception en bronze pour Carl Palmer, Alex Van Halen ou plus récemment Danny Carey.
Drum tech : un métier, une passion
Loin d’être un batteur frustré, le drum tech est avant tout passionné par l’instrument de musique dont il connaît toutes les facettes. Il possède de multiples compétences techniques et organisationnelles qu’il met au service du batteur. Dans le même temps, ses qualités humaines lui permettent d’être un conseiller précieux tout en mettant l’artiste dans les meilleures conditions possible.
Lorsque vous vous rendez à un concert ou lorsque vous écoutez un album, pensez désormais à tous ces techniciens qui agissent dans l’ombre pour vous permettre de vivre une expérience mémorable.
Connaissiez-vous le métier de drum tech ? Connaissez-vous d’autres professions qui agissent dans l’ombre des musiciens ? Dites-moi tout dans les commentaires !
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Sources pour cet article :
- Modern Drummer : Los Angeles Drummer / Drum Tech Tod T. Burr
- Drum! Magazine : A day in the life of à drum tech – 06/05/2013
- Get in Media : Drum tech
- Music Radar : How to become a band technician
- Quad-City Times : Drum tech gives some respect to the craft – 02/08/2007 – David Burke
- Mikedolbear.com : Drum tech stories – Simon Edgoose – 15 Janvier 2018
- Jedistar : Jeff Ocheltree drums – The Drumtree
- Spitfire Audio : What do you do : the drum techs – Interviews de Ross Garfield et Mike Fasano
- Ticketmaster : The man who keeps Tool’s drum kit ready for crazy solos – Chris Weingarten – 01/11/2019
- Zildjian : le métier de drum tech avec Baptiste Bidault